L’histoire commence en 1856 à La Chapelle des Frasses en Haute-Savoie.
L’hiver 1856 fut long, avec de fortes chutes de neige. Il fallut rationner le foin dans les étables. A croire que le printemps n’arriverait pas à faire fondre toute cette neige.
Après la fonte des neiges, chacun va arranger les chemins autour du village, creuser des rigoles pour l’écoulement des eaux, fixer les barrières autour des prés et remonter les pierre entraînées par les avalanches. Les grands travaux d’été devront être entrepris sans attendre, car les prochaines neiges seront là fin octobre, peut-être même avant.
La vie est rude pour ces montagnards des Alpes. Et puis, Il n’est plus possible de vivre correctement au pays : les familles comptent souvent plus de six enfants et une seule vache à l’étable. Souvent, la maison familiale tombe en ruine et il faut emprunter pour les travaux. Ils ne peuvent pas s’en sortir.
Et voilà que la rumeur court sur le marché de Monthey, où les villageois se regroupent deux à trois fois par mois : à Bâle, une agence de voyages se charge d’organiser le départ de volontaires vers l’Amérique.
Pour se moderniser, la République d’Argentine a besoin d’une agriculture forte. Elle a de vastes terres riches mais elle manque de bras.
L’Amérique du Sud, on dit que c’est un pays d’avenir.
Une première colonie s’est créée dans la province de Santa Fé. Le gouvernement leur a donné des terres.
Le prochain départ est annoncé pour le 4 mars.
C’est ainsi qu’un convoi de quarante chars et trois cent soixante sept personnes, partis de La Chapelle des Frasses et ses environs, prirent la route de Bâle au printemps 1857. Des savoyards et des valaisans décidés à tenter l’aventure dans l’espoir d’une vie meilleure.
Chaque colon sera libre sur la terre qui lui reviendra. Il pourra la transmettre à ses enfants, il sera un citoyen argentin à part entière.
Sur le port du Havre, le Mary Mac Near un bateau à vapeur de l’Agence Maritime Morisse, les attend pour un voyage sans escale d’au moins deux mois. On emporte avec soi de bons habits, une batterie de cuisine avec un fourneau de fonte, sa literie, du matériel agricole, des graines et semences.
Là-bas, on cultivera surtout du maïs, de l’orge, de l’avoine, de la luzerne, des pommes de terre, carottes, navets, de l’arachide, du tabac, du lin. On a amené aussi quelques pieds de vigne, du chasselas, et une bouteille de fendant pour accompagner les fêtes traditionnelles et égayer nos dimanches.
Comment va se passer cette traversée, quelle va être leur nouvelle vie, se souviendront-ils de leurs cousins restés au Pays ?
C’est ce que raconte la trilogie de Claude Chatelain , « Les Cousins, la fabuleuse odyssée des Savoyards en Argentine » (Tome I), « Les Savoyards de la Pampa » (Tome II), Le Temps des Retrouvailles (Tome III)
J’ai eu beaucoup de plaisir à lire ce récit. J’ai appris par la suite que bon nombre de savoyards et hauts savoyard s’étaient lancés dans cette aventure. Une correspondance s’est établie entre ces exilés et leurs proches restés au pays.
Certains sont revenus pour tenter de comprendre ce qui avait poussé leurs ancêtres à traverser l’Atlantique.
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